I) Création du massif et des Gorges du Gardon
Au début, une mer tropicale recouvre l‘ensemble de la région et dépose des calcaires purs constitués de coraux et de coquilles microscopiques. Ce calcaire très dur est appelé Urgonien. Cette période s’étend de - 175 Millions d’années (MA) à - 90 MA. La mer se retire progressivement de - 90 MA à - 45 MA laissant émerger les plateaux des garrigues. Le soulèvement de l’arc pyrénéo-provençal à - 45 MA crée le Pic-Saint-Loup, le mont Bouquet ainsi que et par ailleurs le mont Ventoux, le Luberon, les Alpilles etc. Ce calcaire dur sous l’effet des pressions ne se déforme pas : il casse. On l’appelle le karst : relief très fissuré. Puis la mer revient à - 20 MA submerge tout sauf les reliefs émergents et les plateaux des garrigues dont le massif du Gardon. Au soulèvement des Alpes et des Cévennes, à - 7 MA, la mer se réduit sous la poussée de l’Afrique. Son niveau baisse considérablement créant un fort gradient de pente sommet/mer affectant le Gardon qui ne se détournera pas et taillera son chemin dans le massif à partir de - 6 millions d’années. La phase finale qui est considérée comme l’âge des Gorges date de moins de 3 millions d’années.
En résumé, si la roche est vieille de 175 MA, les gorges taillées dans le calcaire dur ont 3 MA. La vitesse de creusement est de l’ordre d’un centimètre tous les mille ans. Le gradient de pente reste variable. La trame du massif est composée de 98% de calcaire Urgonien. Son épaisseur avoisine les 350 mètres.
Les plateaux vont subir une érosion karstique très favorable à la captation de l’eau de pluie qui va créer des avens, des rivières souterraines. Et c’est la capacité de fixation et d’utilisation de cette eau qui va faire la richesse du développement végétal des garrigues.
Ainsi les gorges et les plateaux se sont constitués bien avant l’occupation humaine qui a récupéré « clé en main » un milieu très favorable à son implantation. On comprendra que dans ces conditions, la nature qui nous entoure reste particulièrement riche du point de vue de la biodiversité animale et végétale.
II) Occupation humaine
L’installation humaine ne pouvait être plus idéale et l'on peut avancer que dès l'arrivée en Europe d'Homo Erectus, notre territoire leur fut propice à une vie acceptable : sites naturellement protégés, gibier, poissons, végétation, eau à volonté… Bien que ces gens étaient nomades, ils avaient la possibilité d'occuper les nombreuses cavités qu'ils devaient disputer avec les fauves dont de nombreux ossements ont été retrouvés (voir les découvertes de l'Abbé BAYOL).
A partir de 300 000 ans, Homo Néanderthalis envahit l'ouest de l'Europe et son passage à Collias ne fait aucun doute. En effet un crâne de ce type a été dégagé à l'Ermitage (déposé au musée de Nîmes ?) ainsi qu'à la baume Latrone (à Russan). Leur ont succédé, de la même origine africaine, les Homo Sapiens que nous sommes, vers 40 000 avant notre ère. Ceux-ci nous ont laissé des traces incontestables : les dessins et signes de la grotte Bayol située dans le vallon de l'Ermitage. Ils sont datés d'environ 35 000 ans avant notre ère, soit contemporains des dessins de la Grotte Chauvet. Cela sous-entend une population déjà sédentarisée. Ces témoignages nous conduisent à en déduire que Collias existait véritablement, étant un lieu "repère" dans le quotidien de groupes d'individus évoluant sur un territoire donné.
On sait que des peuples venus du sud (les Ibères) passèrent les Pyrénées et pénétrèrent notre pays en se déployant sur la façade atlantique et les rives de la Méditerranée. Ils se mêlèrent aux populations autochtones en apportant vraisemblablement des idées et méthodes nouvelles. Vinrent à leur tour, d'Italie, des Ligures qui eux aussi fusionnèrent avec les indigènes. De la naissait une population qui allait nous laisser des témoignages surprenants : les mégalithes. Collias pouvait prétendre à 6 menhirs dressés sur son territoire (3 à Bamboche et 3 à la Gau). Ceux de la Gau étaient visibles au XIXe siècle, ils ont été détruits et évacués par les paysans car ils encombraient des zones labourables. A la limite de Collias/Sanilhac, un rescapé est visible, dressé sur le bord de la route, faisant office de borne de limite des deux communes. Un second qui avait été brisé en plusieurs blocs a été enlevé par un colliassois qui l'a reconstitué dans sa propriété. Le troisième est morcelé et gît près de son lieu d'érection d'origine.
Ces futurs Colliassois ont laissé d'autres témoignages en occupant les grottes mais aussi en réalisant des hypogées tels le Monument du Courion (renfermant 6 stèles dont 4 statues menhir), le monument de la Gau (1 statue menhir) …
Puis vinrent d'Europe centrale ces fameux Celtes qui lentement mais sûrement envahirent par le nord et par vagues successives, l'Europe de l'ouest. Leur pénétration dans notre région serait tardive bien que certains indices contrediraient cette affirmation. Toutefois, on peut avancer que dès le 4è siècle avant notre ère, ils avaient fait cause commune avec la population locale "colliassoise" qui adopta de nouvelles coutumes, des innovations sur le plan agricole, des usages plus civilisés (?). Des concentrations humaines en villages ou cités étaient significatives (voir l'oppidum de Nages) sur notre territoire colliassois : on ne compte pas moins de 4 oppidums (Castre – Laval – Raymonde – Font di Gleize). A partir de cette époque, un autre témoignage démontre une occupation permanente des lieux : "l'Ermitage de Laval" (qui ne deviendra "Ermitage" qu'à l'époque Chrétienne) lieu de méditation et de vénération. A cette époque, des étrangers circulaient sur les chemins antiques et pratiquaient déjà un négoce soutenu : grecs, phéniciens, carthaginois... à la recherche de l'étain qui était extrait en Armorique et dans les îles britanniques. Les routes de l'Etain ne passaient pas par Collias mais l'une d'elles cheminait non loin, vers Marguerites elle rejoignait le Rhône pour un embarquement à destination des cités méditerranéennes.
Des grecs ont, semble-t-il, approché les rives du Gardon et quelques-uns s'y sont installés, particulièrement à Collias puisque divers témoignages le prouvent : stèle gravée de signes grecs à l'Ermitage (2è siècle avant J.C.), des urnes funéraires grecques importées et d'autres réalisées sur place de style hellénique, l'oppidum de Castre agencé sur un plan typiquement grec, le nom actuel du village de consonance grecque (polémique !)…Ces commerçants n'avaient pas de projet d'invasion mais seulement le désir de procurer à leurs commanditaires les produits introuvables chez eux. En contrepartie, ils nous ont importé en particulier la vigne et les oliviers (Collias deviendra un nom renommé par la variété qui y sera produite : la "picholine" ou la "coiasse", la "colliasse", ou "plant de Collias" ).
Après cette fusion réussie (semble-t-il sans heurts violents significatifs) vinrent ceux qui à nouveau allaient tout bouleverser : "les Romains".
A leur arrivée, la population occupant notre région portait pour nom "Volques Arécomiques" (les Volsques se divisaient en deux communautés : les "Tectosages" des environs de Toulouse jusqu'à l'Hérault et les "Arécomiques" de l'Hérault au Rhône). Ce territoire fera partie intégrante de la "Narbonnaise".
A Collias, la tribu occupant les lieux avait pour nom "Coriobedenses" ou "Coriosedenses" comme le mentionne un autel dédié à Jupiter retrouvé à l'Ermitage (aujourd'hui déposé au Musée de Nîmes).
Tout proche du vaste chantier de construction de l'aqueduc d'Uzès à Nîmes, il est peu probable que les habitants du village qui devait être modeste, n'aient pas bénéficié de l'activité considérable générée par une telle réalisation. Les différentes stèles gallo romaines découvertes à l'Ermitage prouvent un certain affairement. Plusieurs villas conséquentes ont été localisées (plutôt dans le secteur nord au bord de l'Alzon). Le château actuel est bâti sur des fondations d'un édifice romain.